L'étude de l'argumentation, transverse à de nombreuses recherches et disciplines, est au centre de l'analyse des corpus avec le logiciel Prospéro (Chateauraynaud, 2003). Le logiciel permet en effet d'identifier les formes et stratégies argumentatives présents dans les textes afin de suivre les processus agonistiques (Chateauraynaud et Debaz, 2013 ; Chateaurayanud et Doury, 2010). On utilise pour cela des "catégories" et des formules correspondant à des formes argumentatives typiques. Plusieurs questions se posent alors quant à la construction de ces catégories et formules.

- La première concerne l'identification de formes argumentatives qui, parce qu'elles sont nouvelles ou propres à un dossier, ne figurent pas dans les dictionnaires de catégories.

- Dans le même ordre d'idée, si l'on considère que la qualité "argumentative" d'un énoncé est relative au contexte, comment rendre compte des transformations subies par un type d'arguments au cours des différentes périodes d'un même corpus ou entre différents dossiers ?

- Enfin, les catégories disponibles sous Prospéro ayant été construites à partir de corpus "contemporains", se pose la question de l'évolution historique des formes argumentatives. Argumente-t-on au XXIe siècle comme on le faisait au XVIe ou au XVIIIe ? Au-delà des catégories de Prospéro, jusqu'à quel point est-il pertinent de réduire ces variations historiques à quelques "types d'arguments" (Plantin, 1996 ; Perelman et Olbrechts-Tyteca 2008 [1958]).

Objet du groupe de travail

C'est pourquoi nous proposons d'organiser un "groupe de travail" de 4 heures pour aborder ces différentes questions. Si le point de départ de notre réflexion est le logiciel Prospéro et que l'atelier sera l'occasion de présenter la façon dont on utilise les "formules", notre objectif n'est pas de faire une formation sur le logiciel. Nous souhaitons confronter notre approche à d'autres manières - théoriques ou méthodologiques - d'appréhender les structures argumentatives dans les textes. L'atelier est également ouvert aux personnes travaillant ou envisageant de travailler sur l'argumentation à partir de corpus "non- contemporains". L'atelier sera de cette façon l'occasion de poser les premiers jalons d'une approche diachronique des formes et structures argumentatives et d'évaluer la pertinence d'un tel travail.

Public visé

Le public visé est composé de chercheurs en SHS ayant travaillé sur des corpus historiques ou contemporains, de spécialistes ou de personnes simplement intéressées par l'étude des formes argumentatives dans leur corpus.

Bibliographie :

Chateauraynaud, Francis. 2003. Prospéro, une technologie littéraire pour les sciences humaines. Paris : CNRS.
Chateauraynaud, Francis et Josquin Debaz. 2013. "Scénariser les possibles énergétiques. Les gaz de schiste dans la matrice des futurs". Mouvements 75 (3) : 53–69.
Chateauraynaud, Francis et Marianne Doury. 2010. "'Désormais...' Essai sur les fonctions argumentatives d'un marqueur de rupture temporelle". Argumentation et Analyse du Discours 4 (avril)
Desfriches-Doria, Orélie, Josquin Debaz et Waldir Lisboa Rocha Filho. 2020. "Interoperability and Discursive Process about Categories". Communication présentée à Proceedings of the 2nd International Conference on Digital Tools & Uses Congress, New York, 15-17 octobre.
Ducrot, Oswald. 1996. "La Pragmatique et l'étude sémantique de la langue". Dans Une école pour les sciences sociales. Édité par Jacques Revel et Nathant Wachtel, 339-351. Paris : Cerf – EHESS
Doury, Marianne. 2004. "La classification des arguments dans les discours ordinaires". Langages 154 (2) : 59–73.
Perelman, Chaïm et Lucie Olbrechts-Tyteca. 2008 [1958]. Traité de l'argumentation. La Nouvelle Réthorique. 6th ed. Bruxelles : Éditions de l'université de Bruxelles.
Plantin, Christian. 1996. L'argumentation. Paris : Le Seuil.