Le projet « Langues celtiques, typographie et hybridation » est un projet mêlant typographie et patrimoine linguistique. L'idée d'hybrider les lettres est une façon de faire apparaître les ressemblances et différenciations de retranscriptions écrites (variations selon les mots, élisions, remplacement de voyelles ou ajouts de consonnes) qui s'établissent entre trois langues cousines celtiques brittoniques que sont le breton, le gallois et le cornique.
Le recueil de données s'est concentré autour du vocabulaire géographique commun, lié au paysage maritime, des territoires qui accueillent ces langues: Bretagne, Cornouailles et Pays de Galles (Daniel Le Bris, Mael Jézéquel, ALCAM, 2018). À partir de ces trois dictionnaires en breton, Geriafurch (https://geriafurch.bzh/fr?q=&d=frbr), Favereau (http://www.arkaevraz.net/dicobzh/index.php) et Glosbe (https://fr.glosbe.com) ainsi que d'un dictionnaire en gallois de l'Université du Pays de Galles (https://geiriadur.uwtsd.ac.uk) et le passage d'un traducteur français-anglais (https://www.linguee.fr) pour accéder à la traduction en cornique depuis l'anglais sur le site Gerlyver Kernewek (https://www.cornishdictionary.org.uk) j'ai pu faire émerger des résultats qui ont constitué mon lexique en prenant un soin particulier à la terminologie exacte des mots dans chaque langue. La lacune évidente d'un site permettant leur rapprochement (phonétique et scriptural) fut le point de départ de recherche d'un biais typographique pour les représenter. Il s'agit d'une représentation graphique et non d'une solution de traduction de ces langues.
Du côté de la recherche graphique, la création d'une typographie géométrique a été la première étape. L'usage de la géométrie, en typographie, permet d'identifier des formes communes à un certain nombre de lettres. À partir de l'hybridation géométrique des lettres (notamment dans l'alphabet latin) on a pu se rendre compte que l'on pouvait avoir une hybridation de ces alphabets et des langues (Frutiger, 2014 [1978-1981]). Ce choix a notamment été proposé avec trois versions qui différent en épaisseur (‘graisse' en terme technique typographique).
Une grille de fond a été utilisée car elle est utile comme base de construction typographique. La navigation sur la carte et l'action de l'utilisateur sur des points cliquables permet de faire apparaître les mots hybridés et leur traduction directement sur cette grille. Ainsi, une fois les langues hybridées, on peut deviner l'appartenance des lettres présentes dans les variations. Le résultat obtenu serait donc communiqué sur une interface web sous la forme d'une carte imaginaire, qui localise les spécificités linguistiques (Boussidan et al., 2012).
Ce projet a pour vocation de recherche graphique d'apporter un nouvel axe d'exploration pour proposer un éclaircissement dans les études sur la visualisation graphique de la linguistique. En effet, la typographie permet une lecture immédiate de la proximité des retranscriptions écrites de ces mots qui permet de comprendre le lien qui s'établit entre ces langues, inexistant sur d'autres interfaces de traduction. La création d'une solution visuelle à l'expression de la linguistique pourrait ainsi devenir un véritable outil qui est transposable à toutes langues et/ou aire géographique.