Association francophone des humanités numériques
10-12 mai 2021 Rennes (France)
Adressbuch 2021 : La troisième vie de l'Annuaire des Allemands à Paris de 1854
Mareike Koenig  1@  , Gérald Kembellec  2, 3, 4@  
1 : Institut Historique Allemand
Max Weber Stiftung - Deutsche Geisteswissenschaftliche Institute im Ausland
2 : Dispositifs d'Information et de Communication à l'Ere Numérique – Paris, Ile-de-France  (Dicen-IdF)  -  Site web
Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM)
Conservatoire National des Arts et Métiers Direction de la Recherche – DICEN 292 rue Saint Martin 75003 Paris -  France
3 : Dispositifs dÍnformation et de Communication à l\'Ère du Numérique - Paris Île-de-France  -  Site web
Conservatoire National des Arts et Métiers [CNAM] : EA4420, Institut Historique Allemand de Paris : MaxWeber
4 : Institut Historique Allemand  -  Site web
Max Weber Stiftung - Deutsche Geisteswissenschaftliche Institute im Ausland

Le recensement de 1851 faisait ressortir la présence de 12.245 Allemands à Paris, avec une grande majorité d'artisans. Le projet “Adressbuch 1854”, mené à l'Institut historique Allemand entre 2002 et 2006, valorisait à ce propos un ouvrage identifié dans les fonds de la bibliothèque de la ville de Paris. Quelque 4700 adresses étaient pointées dans un bottin encore consultable en archives. Le projet consistait à l'intégration des entrées de l'ouvrage dans une base de données consultable en ligne.

Environ 15 ans plus tard, le corpus est régulièrement consulté et fait l'objet de demande d'informations notamment de la part de généalogistes et des historien-ne-s menant une recherche prosopographique. Ce projet a été réalisé par des historien-ne-s qui s'équipaient d'autres pratiques que celles de leur discipline pour modéliser, analyser et diffuser leur objet de recherche, renouvelant ainsi leurs pratiques. Il s'agissait à l'époque d'un travail historique dans une mouvance innovante - pionnière même, si l'on considère que les humanités numériques en tant que concept problématisé, datent de 2008.

En 2021, nous reprenons ce projet, dans une double optique : premièrement, l'interface ne correspond plus aux canons de consultation, d'ergonomie, d'accessibilité et de sémantique du Web. Deuxièmement, dans une optique info-documentaire, ce corpus mérite une re-modélisation à visée humaniste pour correspondre aux sujets et méthodes des sciences humaines et sociales. Troisièmement, les données étaient sous copyright à l'époque lors du projet original et l'équipe souhaite aujourd'hui les libérer et les diffuser sur une licence ouverte. Quatrièmement, ce qui n'était pas possible à l'époque - à savoir une visualisation interactive des données sur une carte de Paris - est aujourd'hui techniquement aisément réalisable. Ainsi repensées, les données ré-agencées, documentées et surtout présentées et visualisées permettront d'offrir un matériau et une interface de consultation plastiques, modulables aux besoins des chercheurs et usagers qui seraient amenés à les consulter, mobiliser et re-travailler. 

Dans le contexte d'une redocumentarisation des informations historico-sociologiques, il est bien sûr des écueils à éviter soigneusement pour éditorialiser un dispositif selon les canons des humanités numériques. Le premier défi est celui d'une modélisation en diachronie : les lieux, métiers et contextes socio-professionnels ont subi de profondes mutations. Heureusement, des thésauri historiques de métiers existent, parfois en plusieurs langues, mais il faut les aligner entre eux et avec le corpus. Le paysage de la ville de Paris, sa toponymie et son découpage administratif ont subi de profondes mutations en 170 ans. Dans ces conditions, il faut garder à l'esprit les mises en garde de J. Drucker sur le simple plaquage d'informations sur des cartes comme visualisation. Il devient alors indispensable de proposer une re-création de sens en respectant les règles de sémiologie graphique (de Bertin) et le bon sens narratif dans la représentation de la diachronie géographico-administrative. Enfin, dans une optique historienne, il est indéniable que la représentation des informations depuis une base de connaissances ne saurait se substituer à la mise à disposition d'une numérisation de qualité des éléments d'archive mobilisés. En effet, la gestion de la preuve, notion proche de la diplomatique, se base sur le lien étroit qu'il peut y avoir entre les informations et l'archive.

Source en archive.

F. A. Kronauge, Adreßbuch der Deutschen in Paris für das Jahr 1854 oder vollständiges Adreßverzeichniß aller in Paris und seinen Vorstädten wohnenden selbständigen Deutschen in alphabetischer Ordnung, Paris 1854.

Littérature sur le projet initial

Mareike König, “Georg Kibler, Möbelbauer, rue de Charonne 39: Adreßbuch der Deutschen in Paris für das Jahr 1854”, in: Francia 30/3 (2004), pp. 145-158.


Mareike König, “Migration économique, exil politique et critique sociale: Les Allemands à Paris au XIXème siècle”, in: DeuFraMat, 2002, http://www.deuframat.de/fr/societe/structures-demographiques-migration-minorites/migration-economique-exil-politique-et-critique-sociale-les-allemands-a-paris-au-xixeme-siecle/tour-de-france-des-artisans.html.


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